Suite à des années de conflit et d’instabilité, la RDC compte toujours parmi les pays du monde où la situation des femmes enceintes est la plus catastrophique, malgré un effort national pour réduire le taux de mortalité des mères, des nourrissons et des enfants.  « Chaque heure de chaque jour en RDC, quatre femmes meurent de complications de grossesse ou d’accouchement, et pour chaque femme qui meurt, entre 20 et 30 ont des complications graves, telles que des fistules obstétricales, qui sont très courantes en RDC », a dit le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). On compte 1 100 décès de femmes pour 100 000 naissances vivantes, a-t-il dit.

Mais pour atteindre l’objectif national, qui est de réduire de 75 pour cent le nombre de décès de femmes pendant l’accouchement et de faire en sorte que toute la population ait accès à la contraception, il faudra remplir de nouveaux objectifs de financement.
Cependant, au-delà du manque de financement, la RDC doit combattre l’ignorance au sujet de la planification familiale, la contraception et la santé reproductive. Les hommes congolais sont peu nombreux à avoir été associés à la campagne mondiale pour l’utilisation du préservatif, et les mariages d’enfants restent courants, en particulier dans l’est du pays. Près de la moitié des femmes congolaises ont un enfant avant l’âge de 19 ans, a dit à IRIN Marie-Claude Mbuyi Kabulepa, coordinatrice de santé reproductive pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en RDC – un premier enfant qui sera l’aîné d’une fratrie comptant en moyenne 6,2 enfants, pour une population nationale comptant près de 35 millions de femmes, d’après les statistiques démographiques du CIA Factbook.
Les femmes ont des grossesses trop précoces et continuent à avoir des enfants pendant trop longtemps ; elles accouchent prématurément ou au-delà du terme ; elles ont trop d’enfants à trop peu de temps d’intervalle, a dit Mme Mbuyi Kabulepa. Pire encore, seulement six pour cent d’entre elles utilisent une contraception – comparé à 15 pour cent en 1985.

Pour répondre à toutes ces difficultés, les défenseurs de la santé suggèrent comme solution prioritaire un système national de santé plus fort et mieux financé, qui s’adresse aux femmes de manière proactive, avant que les complications ne surviennent. D’après Joséphine Bora, du FNUAP, les soins anténataux commencent par la planification familiale et se poursuivent par un suivi obstétrical régulier. La sensibilisation à la santé reproductive doit être intégrée à l’éducation à la santé, de manière standardisée, dans tout le système scolaire national, et doit viser les adolescents.

Ces efforts peuvent en outre contribuer à réduire les grossesses non désirées ; sur plus de trois millions de naissances enregistrées en 2009, on estime que près de la moitié n’étaient pas désirées. A cela s’ajoutent des dizaines voire des centaines d’avortements clandestins, qui peuvent également entraîner la mort ou des complications, dont notamment la stérilité.